« Le sentiment de sécurité est le système immunitaire psychique de l’individu. Il fonctionne comme un bouclier protecteur contre les menaces internes et externes. Le sentiment de sécurité est un élément crucial du développement de l’identité et de la capacité de l’individu à résister aux stress et aux pressions extérieures. »
Le Moi-peau, 1985, Didier Anzieu, psychanalyste.
Le psychologue américain Allan Schore a avancé l’idée que le développement du cerveau est façonné par l’interaction précoce entre le bébé et sa mère, soulignant l’importance de la régulation émotionnelle et du sentiment de sécurité dans cette dynamique. Schore soutient que la sécurité émotionnelle est essentielle pour la croissance et le développement de l’enfant.
De son côté, le psychothérapeute Peter Levine a élaboré la théorie selon laquelle le sentiment de sécurité est fondamental pour la capacité de l’organisme à se réguler et à récupérer après un stress ou un traumatisme. Pour Levine, la sécurité est une condition sine qua non pour que le corps et l’esprit puissent se rétablir après des expériences stressantes.
En hypnose, l’exercice du « lieu sécure » constitue une première expérience fondamentale, sous toutes ses formes et variantes. Cet exercice contribue à établir le lien thérapeutique, à instaurer la confiance, et à positionner le soignant en tant que « Tiers sécure ». Cela permet au patient d’être lui-même, authentique, en sécurité, libre et en relation. Ce lieu sécure sert de fondation pour la relation thérapeutique et de support pour que le patient progresse vers ses objectifs. Il est essentiel que le patient se sente en sécurité et accompagné pour s’engager dans le processus de changement, et que le soignant favorise son autonomie relationnelle tout en croyant en sa capacité de transformation.
Le Sentiment de Sécurité en Psychiatrie
Le sentiment de sécurité se définit comme la perception d’être dans un environnement protecteur, exempt de dangers, menaces et agressions. Ce sentiment repose sur la confiance en soi et en son environnement, ainsi que sur la capacité à gérer des situations difficiles. La capacité du cerveau à ignorer notre mortalité joue un rôle important dans la génération de ce sentiment de sécurité.
En psychiatrie, le sentiment de sécurité est très utile, et permet aux patients de se sentir en confiance. Les troubles mentaux s’accompagnent souvent de détresse émotionnelle, d’anxiété et d’insécurité, compliquant le traitement et le rétablissement. Le sentiment de sécurité aide les patients à mieux canaliser leurs émotions et à développer des compétences d’adaptation pour faire face aux situations difficiles.
Sécurité et Résilience
Le concept du sentiment de sécurité en tant qu’opérateur du « système immunitaire psychique » est étroitement lié à celui de la résilience. C’est un facteur clé de son développement.
La résilience peut-être définie comme la capacité qu’a un individu à affronter des situations difficiles et à se rétablir après des événements traumatiques.
Lorsqu’une personne se sent en sécurité, elle est mieux armée pour relever des défis, résoudre des problèmes et faire preuve de créativité pour trouver des solutions. Le sentiment de sécurité est également essentiel pour la régulation émotionnelle, un élément central de la résilience. Les individus capables de réguler efficacement leurs émotions sont mieux préparés pour affronter les événements stressants et traumatiques.
Le sentiment de sécurité psychique est un pilier de la résilience, car il confère à l’individu la confiance en ses capacités, la faculté de réguler ses émotions et la force de surmonter les défis de la vie. Il permet l’établissement et le développement du lien thérapeutique, offre un accompagnement bienveillant, renforce la résilience, améliore la régulation émotionnelle et réduit les comportements impulsifs. Pour finir, il augmente le sentiment d’être écouté, entendu et pris en considération par le patient, ce qui nourrit la relation et l’alliance thérapeutique.
« Le sentiment de sécurité en hypnose est l’équivalent de l’antibiotique à large spectre du soin en psychiatrie. »
Pierre Le Belleguic